mardi 6 novembre 2012

Coudre pour exister?

Parfois on me demande d'où vient cette passion, ce qui m'anime dans le fait de faire des vêtements,... et malgré de nombreux grands huits dans ma tête je ne sais toujours pas.
Je ne suis pas fille ou petite fille de couturière, il y avait bien une machine chez Mamie dont on se servait peu, sauf pour quelques ourlets, Maman faisait plutôt de la broderie.
 Il y avait bien quelques vêtements que je faisais pour la célèbre Miss B dans les chutes des ourlets, il y a bien des souvenirs de télé ou Jean Paul Gautier me fascinait déjà avec ses boucles d'oreilles, ses cheveux platine à la brosse,...
Au collège il y a eu les heures innombrables de permanence où la découpe des vêtements dans J&J pour en faire de nouvelles silhouettes étaient infiniment plus passionnante que les révisions de math.... Pourtant ces vêtements je ne les avaient pas, je savais que je ne les auraient pas, et je ne sais pas si au fond je les voulais tant que ça, mais je les visualisaient très bien dans ma tête avec telles chaussures, tel sac,...
 Et un jour paf l'évidence est là, c'est ça et pas autre chose que je veux faire, au début je rêvais de grandes maisons, mais la folie, les sourires forcés, les crêpage de chignons,... qui traînent dans ces couloirs m'ont quelque peu refroidis, alors on va vers ce que tout le monde porte, et là c'est plus le manque d’éthique  de soins, de qualités,... qui m'ont petit à petit éloigné.
Après un saut de l'autre coté de la mer,  le goût et la passion de ceux avec qui j'ai travaillé, le retour et paf un coup de tête, je monte ma boite, bien simplement et sans chichis, peut être un refuge, une couette moelleuse dans laquelle m'enfoncer et m'oublier tout en révélant ce que je suis, au rythme du ciseau, des griffes de la machine, de l'aiguille qui transperce le tissus dans lequel j'ai construit ma vie....
L'Utopie ma douce amie, celle à laquelle j'aspire pour l'avenir, me sussurre à l'oreille que oui un jour les gens reconsommeront local, feront du troc de vêtements contre légumes, partageront ces richesses que la vie et la nature nous offrent, que consommer pour exister sera loin derrière nous,....
Alors je vais continuer à piquer, dépiquer, faire et défaire, pour un jour concevoir ce vêtement qui tombera si bien....